Jeudi 24 mars, une soirée presque comme les autres aux Enfants terribles, bar situé à l’angle des rues Lacharrière et Saint-Maur, à deux pas du square Maurice-Gardette, dans le 11e arrondissement. A une descente de police près…
Ce soir-là, comme toutes les quatre à six semaines depuis la fermeture (définitive) d’un bistro proche de la Bastille, se tenait une réunion informelle de journalistes Internet et de blogueurs, le «Café des OS» (aussi appelé Djiin), qui avait été annoncé sur Facebook, et que j’avais relayé au détour de ce sujet.
Comme à l’accoutumée, le bar était quasiment «réquisitionné» par quelques dizaines de journalistes et blogueurs, donc. Et parmi eux beaucoup de fumeurs. Respectueux de l’article 5 du décret antitabac de novembre 2006, interdisant depuis le 1er janvier 2008 de fumer dans les «débits permanents de boissons à consommer sur place, casinos, cercles de jeu, débits de tabac, discothèques, hôtels et restaurants», les fumeurs allaient donc dehors, d’autant plus aisément que la météo était clémente.
Je me suis enquis auprès d’eux de savoir si ce qui gênait était le bruit dans la rue, le fait que certain(e)s des camarades étaient sortis avec un verre (en verre) à la main, ou l’attroupement: manifestement, c’était les trois à la fois. J’ai alors proposé à l’un des policiers de sortir avec moi pour tenter de demander posément aux autres de rentrer. En vain. Les “enfants” à dompter n’étaient pas si “terribles”, pourtant…
Le mastroquet, une fois les képis, a éteint une partie des lumières. Je suis parti peu après, vers 00h15, boire un soda et un café dans un autre bar, rue Oberkampf (lire plus loin pourquoi).
La photo ci-dessus date de minuit, quand un bon quart de ceux qui étaient venus avaient déjà quitté les lieux.
Que les voisins se plaignent du bruit, c’est normal, hélas, et c’est de plus en plus fréquent, dans toutes les villes, depuis qu’il faut sortir pour fumer. En groupe, on ne se rend pas toujours compte des nuisances. Que la police intervienne, c’est compréhensible. Qu’elle ne s’en prenne qu’au patron —certes responsable légal de l’établissement— sans tenter de parler cinq minutes avec une clientèle qui aurait été attentive aux griefs, ce n’est pas très normal.
C’est d’autant moins normal qu’il existe, dans cet arrondissement, de nombreux lieux de vie nocturne et que la police n’y “sévit” pas partout de la même façon.
Dans la toute proche rue Oberkampf, où certains établissements ferment à six heures du matin, on ne reprochera presque rien. Il n’y a guère que dans les tranches horaires surchargées (en fin de semaine, entre 23h et 3h du matin, par exemple) que les portiers ou les tenanciers seront attentifs à ce que personne ne sorte avec un verre en verre, et proposent des gobelets en plastique aux fumeurs, ou interdisent tout bonnement la sortie des boissons, afin d’éviter les ennuis.
Dans la plus lointaine rue de Lappe, à la Bastille, où seule la circulation des riverains est autorisée (contrairement à la rue Oberkampf, fort fréquentée, y compris par deux lignes de bus de nuit), il est impossible même en plein jour de sortir avec un verre pour fumer. La nuit tombe tard en été, et —avec d’autres Internautes— j’en ai fait l’expérience l’été dernier alors qu’il était à peine 20h.
Une unification au niveau de l’arrondissement, de Paris même, serait utile. Pour le bien de tous, commerçants, consommateurs, et riverains.
Le gouvernement a cru, en musclant la loi Evin, résoudre un problème de santé publique. Les policiers, eux, appliquent la loi, et, dans le cas d’espèce, ses conséquences: ils luttent contre les nuisances sonores.
Quand les consommateurs veulent boire, les riverains trinquent.
Fabien Abitbol
Par @RichardTrois, quelques photos prises à l'intérieur du bar en cliquant ici (sur Flickr).