Portrait lucide d’un dessinateur engagé, rebelle avec causes qui, à quatre-vingts ans, toujours aussi vivace, ne lâche rien. Un film dont l’Humanité est partenaire. Mourir ? Plutôt crever !, de Stéphane Mercurio (France, 1h34).
La réalisatrice Stéphane Mercurio (À côté, Hôpital au bord de la crise de nerfs ou encore Cherche avenir avec toit) consacre un film à son père Maurice Sinet dit Siné. Mourir, Plutôt crever!, le titre vaut épitaphe sur la concession collective du cimetière Montmartre que se réservent l’impétrant et quelques comparses. Ainsi s’entament les fragments assemblés d’un parcours humain singulier. Il se bouclera, ou presque, avec l’édification sur le caveau du monument qui lui convient, soit un immense bras d’honneur en faux bronze véritable. Entre les deux épisodes, un Siné vivant et vivace, noble artisan du dessin politique comme arme de combat. Sans dessein chronologique et en désordre d’apparitions surgiront les moments forts de son parcours d’engagé enragé à pourfendre la famille, la patrie coloniale, flics et curés, paras et mollahs.
Photos, images d’archives de grands événements au cours desquels sa plume s’illustre, comme la guerre d’Algérie, celle du Vietnam, les luttes de son ami Malcolm X pour l’émancipation des Noirs, ou Mai 68, structurent leurs fragments avec les croquis de l’époque et les séquences de tournages plus récents. Stéphane Mercurio, qui avait entrepris dès 2007 de tracer les grandes lignes du parcours de Siné, les a conjuguées au présent du moment où ce dernier s’est fait jeter de Charlie- Hebdo par son directeur Philippe Val. C’était en 2008, lorsque les amitiés sarkozystes de l’actuel directeur de l’information de France Inter se faufilaient encore par des portes dérobées. Mais ne marchons pas sur un tel sujet. Les expulsions, Siné connaît. Il se fera, au fil de son impertinence sans compromis, virer de l’Express, de Cuba au début des années soixante alors que ses blagues graphiques dans Revolucion faisaient bien rire les rues de La Havane. Le gouvernerment chinois procédera de même à cause d’un dessin de chat miaulant « Mao ». Amuserie pourtant bien éloignée des dessins que Siné, ami du FLN et de ses combattants qu’il hébergeait, a plantés dans les fondements des colonialistes, des exploiteurs de tout poil, des pouvoirs en place et des corps constitués qu’il préfère en porte-jarretelles. Siné, à l’écran, gagne le procès en antisémitisme et sorcelleries que lui avait intenté la Licra. L’organisation relayait les accusations de Philippe Val. L’engagement de Siné pour le peuple palestinien ne semble pas étranger à ce coup tordu. Mais la bassesse du procédé fane un temps son sourire. Le soutien de ses amis humoristes et écrivains, de Guy Bedos à Serge Quadruppani pour ne citer qu’eux, le fait heureusement refleurir. Tout comme la presse chaleureuse, des demandes de dédicaces sur les unes de Siné-Hebdo à la Fête de l’Huma, au festival du film grolandais, les saluts de manifestants en urgence sociale. Et puis il y a Catherine son « cher amour », les images pieuses pénétrantes que l’ami Prévert lui postait, un jardin qui traverse des chats et la joie sans mélange d’em…le Medef. Cela vous tient un homme en vie.
D.W., dans L’Humanité du 12 oct. 2010
Mourir? plutot crevé :)
Rédigé par : Zizirider1969 | mer. 24 nov 2010 à 14:01
plutot creveR
je préfère corrigé mon erreur :)
Rédigé par : Zizirider1969 | mer. 24 nov 2010 à 14:03