Le juge d’instruction Patrick Ramaël a effectué cet été deux perquisitions au siège de la Sécurité extérieure, dans le 20e arrondissement, derrière la piscine Georges-Vallerey dans le cadre de l’affaire Ben Barka, jamais élucidée depuis la disparition, en octobre 1965, à Paris, de l’opposant marocain à Paris, indiquent une dépêche AFP et une dépêche AP.
Figure historique de l'opposition marocaine Mehdi Ben Barka a disparu le 29 octobre 1965 à Paris, à la suite d'une opération menée par les services marocains, avec la complicité supposée de policiers et de truands français. L'affaire n'a jamais été totalement élucidée. Le corps de Ben Barka n'a jamais été découvert.
Vingt-trois dossiers de l’époque du Sdece (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage) ont été saisis.
Situé au 141, boulevard Mortier, dans le 20e arrondissement, le siège des services extérieurs français est couramment appelé La Piscine, de par sa proximité avec la piscine Georges-Vallerey, siège de la Fédération française de natation. En avril 1982, sous le tandem Mauroy-Hernu, le Sdece a été remplacé par la DGSE, la Direction générale de la Sécurité extérieure par ce décret.
Ces deux descentes du juge Ramaël semblent être les deux premières dans le cadre de l’application des nouvelles dispositions relatives à la Loi n° 2009-928 du 29 juillet 2009 «relative à la programmation militaire pour les années 2009 à 2014 et portant diverses dispositions concernant la défense», qui a instauré une classification non seulement des documents, mais aussi des lieux les abritant. La nouvelle notion de “lieux protégés” avait provoqué de vifs débats à l'Assemblée nationale et fait craindre l'instauration de « zones de non-droit législatives » avant qu'un compromis ne soit trouvé.
Le juge a donc dû se présenter à La Piscine accompagné du président de la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN), Jacques Belle, comme le prévoit la loi. Puis a demandé (et obtenu) la déclassification temporaire du lieu. Les dossiers ont été mis sous scellés par le président de la CCSDN.
Le juge Ramaël se trouve présentement en Côte d’Ivoire, où il peine à enquêter sur les affaires Kieffer et Ghelber, comme expliqué ici dans la nuit de dimanche à lundi. En juillet 2008, dans le cadre de l'affaire Kieffer, il s'était rendu à l'Elysée à la recherche d'un dossier. Depuis, les règles ont changé, le juge reste pugnace.
F. A., photo ministère de la Défense