La juge d'instruction en charge du dossier de l'incendie de la Cité du Labyrinthe, dans lequel cinq personnes ont été tuées en avril 2011, a rendu le 12 septembre dernier une ordonnance de non-lieu, a indiqué vendredi matin le site internet de France 3 Île de France.
Le non-lieu ne laisse qu'une mince chance de réouverture du dossier: depuis 2012 un homme est recherché, mais il a quitté la France (probablement pour la Russie). Il faudrait donc soit le retrouver, soit qu'un nouvel élément apparaisse pour que les victimes puissent un jour connaître la vérité. Il existe également une possibilité: que l'une au moins des parties civiles fasse appel de ce non-lieu, mais les délais sont très serrés.
L'incendie s'était produit dans la nuit du 13 au 14 avril 2011 dans ce passage n'appartenant à cette époque pas à la Ville de Paris, situé entre la rue des Panoyaux et la rue de Ménilmontant (le compte-rendu de l'époque et les photos se trouvent ici). Quelques jours après le drame, les enquêteurs avaient trouvé des traces d'essence de voiture.
Outre la cinquantaine de blessés, les cinq morts étaient toutes de nationalité étrangère: un travailleur égyptien, et quatre étudiantes (une australienne et une américaine à Sciences Po et deux suédoises à la Sorbonne).
Alors que l'immeuble incendié a été intégralement refait à la suite de l'incendie, des travaux de mise aux normes de la Cité du Labyrinthe avaient été annoncés pour l'été 2016.
À l'occasion du onzième anniversaire de la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer (GAK) en Côte d'Ivoire, son frère cadet publie à La Découverte "Le Frère perdu", en collaboration avec Benoit Collombat, journaliste à France Inter.
Les habitués de ce blogue savent mon attachement à comprendre ce qui a pu se passer le 16 avril 2004 sur un parking de supermarché d'Abidjan, la capitale économique de Côte d'Ivoire, alors que GAK y avait un rendez-vous dont il n'est jamais revenu. Au point que j'y ai consacré une rubrique spécifique.
Juge d'instruction à Paris en charge du dossier depuis le début, Patrick Ramaël, déchargé à l'été 2013 de ses fonctions, a publié chez Calmann-Levy "Hors procédure" livre sur la justice dans lequel il évoque entre autres les embûches rencontrées lors de son enquête sur la disparition de GAK.
Bernard Kieffer, le frère cadet du journaliste disparu, s'apprête pour sa part à publier à La Découverte "Le Frère perdu", dont la parution est annoncée pour le 16 avril prochain, date anniversaire de la disparition de Guy-André Kieffer sur le parking d'un supermarché d'Abidjan.
Lorsqu'il a appris en avril 2004 la disparition de son frère, Bernard Kieffer sur le moment n'y a pas cru. Puis ce fut l'angoisse, la colère, la recherche de la vérité. Un long travail de recherche et de recoupements, à trier le bon grain de l'ivraie, pour tenter de comprendre dans quelles circonstances précises (par qui, et à la demande de qui) GAK avait été enlevé et fort probablement tué. Ces heures passées par Bernard Kieffer sur la disparition de son frère ont été détaillées dans un portrait publié l'an passé par Libération.
Le Frère perdu. L'affaire Guy-André Kieffer, enquête sur un crime d'État au cœur de la Françafrique
Bernard Kieffer, avec la collaboration de Benoit Collombat
Éditions La Découverte
220 pages, 18€ - sortie prévue le 16 avril 2015
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Dans "Le Frère perdu" (sous-titré "L'affaire Guy-André Kieffer, enquête sur un crime d'État au cœur de la Françafrique"), Bernard Kieffer revient sur ces longues années jalonnées de rebondissements. On y apprend par exemple qu'il n'a su que tardivement que les autorités françaises avaient rapidement exploité la piste d'un enlèvement par les membres d'un "escadron de la mort" lié à l'épouse du président Gbagbo, Simone Ehivet Gbagbo, présentement jugée en Côte d'Ivoire pour son rôle dans les massacres qui ont précédé la perte du pouvoir par son mari. Dix ans de prison ont été requis contre l'ex-"Dame de fer". Mais cela ne concerne pas l'affaire Kieffer, et reste du domaine de la Côte d'Ivoire.
Le journaliste se savait menacé, il l'avait confié à certains de ses proches, mais on ne sait pas par qui, ni sur quel(s) dossier(s), tant cet homme, qui avait quitté Libération pour La Tribune aimait à travailler sur les matières premières, l'argent du cacao, le trafic d'armes, comme il avait pu travailler dans les années 80 sur des affaires politico-financières entre la France et certains paradis fiscaux antillais. La même passion, la même fougue, la même envie de sortir des affaires au grand jour, qui l'habitaient depuis tant d'années.
Que savait le Quai d'Orsay en 2004? Que savait l'Élysée? Pourquoi des émissaires français se trouvaient-ils dès le 15 avril 2004 en Côte d'Ivoire, reçus par le président Gbagbo? Ces questions, Bernard Kieffer -juriste donc méticuleux- se les est posées, sans obtenir de réponse certaine. Peu à peu, il a découvert la puissance des vieux réseaux de la "Françafrique", et compris que de nombreux responsables politiques et économiques on tout intérêt à ce que la vérité ne soit jamais faite.
Guy-André Kieffer, dont le fils d'une première union, de citoyenneté canadienne, réside à Montréal, vivait depuis le début des années 80 dans le 20e arrondissement de Paris, en compagnie de son épouse la réalisatrice guadeloupéenne Osange Silou, et de leur fille, qui aura presque vingt-neuf ans lorsque paraîtra le livre. "Le Frère perdu" est annoncé par les éditions La Découverte pour le 16 avril 2015. Une distribution est également prévue en Côte d'Ivoire, et probablement au Canada.
Fabien Abitbol
Le 9 février dernier, sur RTL, Jacques Pradel recevait dans son émission "L'Heure du crime" à la fois Bernard Kieffer, Patrick Ramaël et Benoit Collombat. L'émission est à réécouter ici.
Armando Curri, un Albanais jusqu'à ce mardi en situation irrégulière, fait partie des Meilleurs apprentis de France. Seulement voilà: sa situation administrative est un peu compliquée et il était depuis le 2 octobre 2014 sous le coup d'une obligation de quitter le territoire (OQTF). Il sera reçu mercredi 4 mars au Sénat.
"Être lauréat sous l’autorité de la Société Nationale des Meilleurs Ouvriers de France est une réussite qui mérite d’être saluée. La situation créée par le cas d’Armando Curri, sans l’information préalable du Sénat, suscite une réelle contradiction entre les exigences du droit et celles de la promotion de la formation des jeunes", explique un communiqué de la Présidence du sénat diffusé ce mardi 3 mars, précisant que M. Curri sera reçu au sénat "sans préjuger de la décision souveraine du tribunal administratif et de celle du gouvernement".
Arrivé en France il y a trois ans et protégé en tant que mineur isolé, Armando Curri suivait sa scolarité dans un établissement de l'agglomération roannaise (dans la Loire). Tout jeune étant "appelé à devenir adulte", comme disait Jean-Pierre Raffarin lorsqu'il était Premier ministre, le jeune homme s'est retrouvé en situation irrégulière à sa majorité, avec une OQTF délivrée début octobre 2014, quatre mois après avoir obtenu son CAP de menuiserie en 2014.
Le jeune Albanais avait déposé un recours devant le Tribunal administratif de Lyon, mais son OQTF vient d'être levée par le préfet de la Loire, qui lui a délivré une autorisation provisoire de séjour, indique Le Progrès.
Interrogé sur France Bleu, le jeune homme a déclaré vivre "le plus beau jour de sa vie".
La réception au sénat, qui concerne en tout 388 apprentis, sera à suivre en direct, à 8h50, selon les explications de la SMOF.
F.A.
Leila Chaibi, candidate PG dans le 14e arrondissement de Paris (et à l'initiative de La Baraque à frites), n'en revient pas: en guise de vœux, la préfecture de police lui envoie un avis de contravention d'un montant de 11€ (cas nº1).
Que reproche-t-on à cette femme, ancienne de Jeudi noir et par conséquent ayant participé à pas mal d'actions au cours des dernières années? D'être allée le 10 décembre 2014 devant l'Assemblée nationale à la manifestation du CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement).
Nous ne sommes pas le Premier avril, et Nicolas Sarkozy n'est plus au pouvoir depuis deux ans et demi.
L'information a été publiée par l'intéressée sur son mur Facebook ce lundi 6 janvier 2015.
F.A., photo Leila Chaibi sur Facebook
Trois peines de prison à perpétuité qui s'additionnent, avec trois périodes de sûreté de 25 ans: la peine la plus sévère depuis l'abolition de la peine de mort au Canada en 1976 vient d'être prononcée à l'encontre de Justin Bourque, après son "plaider coupable" de la tuerie de Moncton en juin dernier.
Le 4 juin dernier, alors qu'ils étaient à la recherche d'une personne armée dans Moncton (Nouveau-Brunswick), trois policiers de la GRC (Gendarmerie royale du Canada) ont été tués et deux autres blessés. Les morts étaient Dave Joseph Ross (32 ans), Douglas James Larche (40 ans), et Fabrice Georges Gevaudan (45 ans, un franco-canadien originaire de Boulogne-Billancourt). Le tireur avait été maîtrisé après une chasse à l'homme d'une quarantaine d'heures, ayant mobilisé trois cents policiers et mis en émoi non seulement la ville de Moncton (70.000 habitants, 170.000 pour l'agglomération), mais le Canada et les États-Unis, voisins.
Justin Bourque, 24 ans, originaire de Moncton, avait été arrêté vivant, contrairement aux tireurs qui s'en sont pris ces derniers jours à des agents de la GRC à Saint-Jean sur Richelieu et à Ottawa. Sur sa page Facebook, Justin Bourque évoquait souvent le port d'armes, et était encore actif le jour de la tuerie. C'est entre autres grâce à la géolocalisation qu'il avait été arrêté. Quelques jours plus tard, un de ses amis était à son tour arrêté, pour menaces.
Lundi, au début du procès, une témoin avait dit que Justin Bourque ne voulait pas s'en prendre aux civils, mais seulement aux personnes d'autorité.
Depuis 2011, le Code criminel canadien a introduit des dispositifs en cas de meurtres multiples, afin de mettre fin aux "peines à rabais". C'est ainsi qu'un agent de sécurité qui avait plaidé coupable pour plusieurs meurtres et tentatives commis en 2012 en Alberta, ne pourra pas sortir de prison avant 2052, après y avoir passé au minimum 40 ans. Né en 1991, âgé seulement de 21 ans lors des faits, Travis Baumgartner aura 61 ans en 2052.
Dans le cas de la tuerie de Moncton, Justin Bourque (24 ans au moment des faits), ne pourra pas espérer de libération conditionnelle avant ses... 99 ans. "Ce crime est historique et la peine doit refléter la gravité des actions de l'accusé", a déclaré ce vendredi 31 octobre le Juge en chef de la Cour du Banc de la Reine, M. David Smith.
Une justice qui, peu à peu, se rapproche des États-Unis.
Fabien Abitbol
La deuxième édition du Sommet des coopératives, qui s'ouvre officiellement lundi 6 octobre 2014 aura non pas quatre grands axes, comme annoncé à l'été 2013, mais cinq, comme indiqué ici, en rapport avec l'innovation.
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Dimanche après-midi, certains congressistes avaient une visite guidée, au centre des congrès fin prêt à accueillir tout le monde.
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Les organisateurs attendent 2 500 participants venus de 90 pays. Le Sommet -qui a commencé dimanche à huis-clos- ouvrira réellement ses portes à l'ensemble des participants lundi, avec plus de 50 rendez-vous.
Jusqu'à jeudi soir 9 octobre, chefs de direction, administrateurs, gestionnaires, fonctionnaires et délégués gouvernementaux, chercheurs et jeunes têtes d’affiche du monde coopératif discuteront du "pouvoir d’innover des coopératives".
Depuis plus d’un siècle, les coopératives ont dû s'adapter à l'évolution de la société, ont évolué, se sont améliorées pour faire face aux défis mondiaux. La Déclaration de 2014 résumera les leçons tirées des diverses expériences et les propositions, les participants étant conviés à l'enrichir. Pour retrouver les études qui seront dévoilées les prochains jours, cliquer ici. La liste des conférenciers est par là.
Cette année, le blogue arbore le... drapeau canadien, contrairement à 2012 où il était dans les médias français.
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En me basant sur le programme de ces riches journées, j'ai décidé d'accorder la priorité à la conférence du mardi midi sur les traités de libre-échange (page 10) et au forum de jeudi sur l'utilisation des réseaux sociaux ("Forum 22", page 34). Le reste se fera au gré de mes découvertes et de mes envies. Rien ne vous empêche néanmoins me contacter (colonne de gauche du blogue, sous la photo de profil) si vous souhaitez des informations sur un sujet en particulier: qui ne risque rien n'a rien!
On peut regretter que la France n'ait pas envoyé cette année de ministre, alors même que, parmi les partenaires, se trouvent deux grandes banques coopératives françaises et une très développée en France: Mme Carole Delga ne devrait en effet intervenir que par visioconférence lors d'une table ronde interministérielle...
Durant le Sommet, vous pouvez suivre le compte Twitter officiel @SommetInterCoop ou le mien (@Menilmuche), et le mot-clic #Sicoop14.
Le quotidien Le Devoir a publié la semaine passée un cahier spécial. Tous mes billets de blogue sur le sujet sont à retrouver ici, y compris ceux du premier sommet en 2012.
F.A.
Après six ans et onze mois d'enquête, on apprend que les policiers à l'origine de la mort du jeune Lamine Dieng à Ménilmontant dans la nuit du 17 juin 2007 bénéficient d'un non-lieu.
La nouvelle est tombée ce week-end sur le groupe Facebook du Collectif Lamine Dieng: la première bavure meurtrière du quinquennat Sarkozy ne sera pas jugée. Durant près de sept ans, la famille de Lamine, sa sœur Ramata en tête, a demandé vainement la mise en examen des policiers auteurs d'un "homicide barbare commis en bande organisée". Huit policiers qui étaient encore en fonction il y a deux ans, lorsque je m'apprêtais à quitter Ménilmontant, mais aussi la France.
Lamine Dieng, qui aurait eu 26 ans en août 2007, se trouvait dans la paisible rue de la Bidassoa, à l'Hôtel Nadaud, avec sa copine, lorsque la police a été appelée. Apparemment, des voisins auraient entendu des cris, mais jamais on a pu en savoir davantage. Certains élus locaux de l'époque ont évoqué des violences conjugales, mais personne n'a jamais porté plainte.
Bref, la police s'est pointée, a menotté le grand gaillard, l'a manifestement plaqué un peu brutalement dans le fourgon de police stationné devant l'hôtel: une dizaine d'hématomes sur le visage, une vingtaine sur le reste du corps, un décès officiellement dû à un arrêt cardiaque, et la famille, vivant à trois rues de là près du local de la Fasti, prévenue 48h après le drame par l'inspection générale des services.
Après quelques marches silencieuses, un comité de soutien se créait dans le quartier. Par solidarité du voisinage, par envie de savoir ce qui avait pu se passer, et aussi parce que je siégeais depuis sept ans au conseil de quartier, je m'y étais joint.
Dès la rentrée, du reste, nous abordions ce drame en marge d'un conseil de quartier. Pour nous entendre dire -évidemment- qu'il fallait que la justice suive son cours, mais aussi qu'il s'agissait d'un différent dans un couple, de brutalités à l'endroit d'une femme, qu'il n'était pas question que des élus se mêlent de ça, etc. Bref, la mort d'un gamin du quartier ne semblait pas affecter tout le monde.
Les années se suivaient, et hélas se ressemblaient:
- une marche silencieuse chaque mois de juin, rassemblant quelques dizaines de personnes du quartier, qui partait du domicile de la famille, passait par l'avenue Gambetta, faisait une halte devant l'hôtel où Lamine avait passé ses dernières heures, remontait la rue des Pyrénées, et redescendait la rue de Ménilmontant jusqu'au carrefour;
- des violences policières, à Paris, en banlieue, ou en régions, ne finissant pas toujours par la mort d'un homme certes, mais bien souvent restant impunies.
La famille Dieng a toujours espéré qu'un jour la lumière soit faite. Mais Ramata, la sœur de Lamine, parle désormais d'une "République bananière" qui nie "notre droit à la vie" et nous prive de "notre droit à la justice".
La famille et le comité de soutien appellent, comme chaque année, à la mobilisation. Le rassemblement annuel est prévu ce 21 juin au 58 rue des Amandiers (Paris, 20e) à partir de 14h.
F. A.
Pour retrouver tous les sujets de ce blogue sur l'affaire Lamine Dieng, cliquer ici.
Ce week-end, les Français vivant hors de France ne votaient pas que pour le Parlement européen, mais également pour élire leurs représentants "nouvelle formule", les conseillers consulaires. Dans les circonscriptions où le Front de Gauche était représenté, ses résultats ont été globalement bons.
Dans ce billet publié voici deux mois sur Soir Américain (le blogue que je co-gère depuis Québec avec mon épouse), j'expliquais que le conseiller consulaire est grosso modo l'équivalent du conseiller de quartier en France, mais sur d'autres thématiques. La loi de juillet 2013 sur la représentation des Français hors de France prévoyait un maximum de 444 conseillers consulaires sur les 130 circonscriptions mondiales, au prorata de la population française immatriculée au Registre du ministère des Affaires étrangères (MAE), la "population légale" au même sens que l'entend le législateur pour les communes françaises. Un arrêté publié fin janvier annonçait un total de 443 conseillers consulaires et 68 délégués consulaires (circonscriptions de plus de dix mille ressortissants français inscrits au Registre).
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À Québec, cette liste associative était opposée à une liste soutenue par l'UMP et à une autre soutenue par les partis de gouvernement. À l'urne, elle a fait jeu égal avec la liste PS. _____
Le scrutin avait lieu en deux temps:
- du 14 au 20 mai par Internet, avec une participation (fournie dans la journée du 20 par le MAE) de 7,08%. Outre la méfiance de certains électeurs, la méconnaissance même de cette nouvelle élection, et une campagne sans moyens financier se déroulant uniquement sur les réseaux sociaux, cette faible participation s'explique aussi par de nombreux problèmes techniques -comme pour les législatives de 2012 et les législatives partielles de 2013- malgré les améliorations censées avoir été apportées par le MAE. Divers parlementaires avaient récemment encore mis en garde le gouvernement sur le remplacement du vote par correspondance (papier) par le vote par correspondance électronique (Internet).
- à l'urne le samedi 24 mai sur le continent américain et le dimanche 25 mai dans le reste du monde, en même temps que le scrutin européen, pour lequel les Français vivant hors de France étaient rattachés à la région Île-de-France, lui permettant ainsi d'avoir deux élus supplémentaires. Seuls n'étaient pas rattachés à l'Île-de-France ceux ayant préalablement choisi l'option de voter en France ou dans un pays européen.
Il s'agissait de la seule élection où aucun élu ne peut être parachuté, puisque pour être éligible il faut être inscrit sur la liste électorale consulaire (LEC) de l'endroit où l'on se présente. Un candidat pouvait se présenter (ou présenter une liste) avec le soutien moral d'une association ou d'un parti politique, y compris un parti local. Le financement de la campagne, en revanche, ne pouvait provenir que de partis politiques français, toute aide matérielle étrangère étant prohibée.
De 12 à 33% pour le Front de Gauche sur le continent américain
Ainsi, on trouvait généralement un minimum de trois listes dans les circonscriptions à plus d'un siège à pourvoir. Il y avait presque toujours une liste soutenue par l'UMP, une soutenue par le PS et ses anciens alliés d'EELV [car le dépôt des listes devait être fait au plus tard le 15 mars, deux semaines avant le remplacement de Jean-Marc Ayrault et le départ des Verts], et une liste soit associative, soit "apolitique". Certaines circonscriptions voyaient s'affronter bien plus de listes: par exemple Montréal, plus grosse communauté française extra-européenne, avait neuf listes, dont une liste autonome soutenue par le Front de Gauche. Au total, un électeur français sur trois pouvait voter pour une liste FdG ou soutenue par le FdG. Si vous voulez connaître les forces en lice dans un pays donné, le MAE les a mises en ligne à la mi-mars.
Le résultat du vote Internet ne sera dévoilé que lundi. Selon une parlementaire représentant les Français de l'étranger, c'est la date qui a été donnée à certains consulats. La page 26 du memento du candidat précise que "dès l'établissement du procès-verbal du vote électronique, les résultats sont communiqués, par voie électronique, à l'ambassadeur ou au chef de poste consulaire du chef-lieu de la circonscription électorale". Les résultats (comprenant le vote à l'urne et le vote électronique) doivent être proclamés "au plus tard le mardi suivant le jour du scrutin à 18h et en public".
C'est là que ça se complique, car le mémento électoral, en précisant que le scrutin doit été proclamé "en public", fait référence à l'article R109 du code électoral. Or cet article fait également état d'une commission électorale, alors même qu'il n'en existe pas pour cette élection. C'est du reste l'absence de commission électorale qui a entraîné à Québec comme à Montréal des observations de la part de certaines listes pour obtenir des annulations de bulletins ou une invalidation de liste. Rock'n'roll!
À Montréal, un candidat m'annonce que le résultat total (Internet et urne) doit être proclamé dès ce lundi à 8h30. Or le consulat de France à Montréal ouvre habituellement au public du lundi au vendredi, de 8h30 à midi uniquement. Par surcroît, le site Internet du consulat montréalais n'indique pas de date pour la proclamation (la dernière mise à jour de la rubrique "élections 2014" remonte au 13 mai dernier, à l'heure où ces lignes sont publiées). Difficile dans ce cas pour un électeur lambda d'assister à la proclamation des résultats.
En attendant, les résultats du vote à l'urne sur le continent américain sont tombés peu à peu dans la nuit. On relèvera notamment:
- à Montréal, un score à deux chiffres du Front de Gauche le plaçant en troisième position derrière la liste PS et la liste UMP,
- à Brasilia la liste FdG, avec 41 voix sur 161 votants à l'urne (on ne connaît pas encore le contenu des votes électroniques), se classe deuxième devant l'UMP,
- à Rio, où il y a 408 votants à l'urne contre seulement 372 par Internet, la liste ADFE-FdG arrive première avec 159 voix,
- au Pérou, où seuls l'UMP et le FdG se présentaient pour trois sièges, le Front de Gauche a obtenu un tiers des suffrages.
De quoi consoler des faibles résultats de la gauche en France aux élections européennes. D'autant que les conseillers consulaires seront membres du corps électoral, et donc appelés à élire en septembre 2014 des sénateurs.
Fabien Abitbol
La presse française se montre particulièrement muette sur une décision enfin publiée au Journal officiel: des historiens vont pouvoir se pencher sur les "événements" qui se sont déroulés en Martinique en décembre 1959 et en Guadeloupe en mai 1967, ainsi que sur les circonstances de l'accident d'un Boeing Air-France survenu à Deshaies (Guadeloupe) en juin 1962. Toutefois, les sept "personnalités qualifiées" désignées par la Rue Oudinot dans cet arrêté du 22 avril -publié au JO du 2 mai- n'auront que douze mois pour travailler et bénéficieront de moyens limités pour faire leur travail d'historiens...
Les trois sujets sur lesquels porte le travail de la "commission d'information et de recherche historique" sont liés aux mouvements séparatistes qui, malgré la départementalisation, existaient dans les Antilles françaises. "Malgré" la départementalisation ou "à cause" de cette départementalisation. Car "les Antillais ne savent pas s'ils sont des Français à part entière, mais ils savent qu'ils sont des Français entièrement à part", allait dire Aimé Césaire lors du procès des dix-neuf Guadeloupéens devant la Cour de Sûreté de l'État à la suite des émeutes de 1967 à la Guadeloupe.
Les "événements" de mai 67 à la Guadeloupe sont sans aucun doute l'opération de maintien de l'ordre la plus meurtrière en territoire français depuis la fin de la Guerre d'Algérie (87 morts reconnus par Georges Lemoine lorsqu'il était en charge de l'outre-mer sous le gouvernement Mauroy III); l'écrasement du Boeing de Deshaies a fait 113 morts (103 passagers et dix membres d'équipage) dans des circonstances encore inexpliquées; les "événements" de décembre 1959 à la Martinique n'auraient fait "que" trois morts mais ont eu des répercussions politiques immédiates.
Décembre 1959, Martinique
Tout commence par un banal accident de la circulation, le dimanche 20 décembre à Fort-de-France, entre un automobiliste blanc et un cyclomotoriste noir. Alors que tout le monde s'apprête à célébrer Noël, trois journées d'émeutes et d'affrontements s'ensuivent, avec des cailloux du côté des manifestants et des balles réelles du côté des forces de l'ordre. Trois longues journées au cours desquelles vont mourir trois jeunes martiniquais: Christian Marajo (15 ans), Edmond-Éloi "Rosile" Veronique (19 ans) et Julien Betzi (20 ans).
Aimé Césaire, député de la Martinique depuis 1946 (réélu en 1958), évoquera sobrement la "réaction d'une dignité blessée".
Première "réponse" de la France gaulliste à ces incidents meurtriers: un renforcement de la présence policière et militaire en Martinique. Le ministre délégué Jacques Soustelle (qui ne sera démis de ses fonctions qu'en février 1960 suite à ses prises de positions pro-OAS), envoie dès le 25 décembre un DC7, deux Super-Constellation, 184 gardes-mobiles et du matériel militaire à destination de Fort-de-France.
Dans "Les émeutes de décembre 1959 en Martinique: un repère historique", paru en décembre 2009 chez L'Harmattan, Louis-Georges Placide explique que le préfet Jean Parsi (en poste depuis le lendemain des émeutes) donne dans la "psychose anticommuniste", et demande la surveillance des côtes. Dans un rapport du 10 mars 1960, le préfet Parsi écrivait: "les réactions provoquées par les événements de décembre sur certains [...] ne laissent pas de m'inquiéter. Des chefs de service, notamment, et pas des moindres, affirment à qui veut l'entendre que la partie est perdue ici, comme en Afrique, qu'il n'y a donc pas lieu de faire d'efforts inutiles et surtout financiers, puisqu'aussi bien dans cinq ans maximum nous serons partis". À l'approche du congrès du Parti communiste martiniquais (PCM, dont le mot d'ordre depuis février 1960 est l'autonomie), le préfet craint rien moins qu'une aide de Fidel Castro.
Suivront alors diverses mesures, édictées depuis Paris (on disait encore "la Métropole").
L'ordonnance 60-1101 du 15 octobre 1960 (signée Michel Debré, à lire ici) aura pour effet de rappeler en France des fonctionnaires "dont le comportement est de nature à troubler l'ordre public".
De son côté, le vice-recteur de la Martinique Alain Plénel aura pour sa part fait l'objet d'un rappel à Paris quelques mois plus tôt, comme il l'expliquait dans France-Antilles treize mois avant sa mort. Son fils Edwy (fondateur de Mediapart) publiait à nouveau à l'occasion de son décès en novembre 2013 quelques mots qu'il avait écrits en 1997. Alain Plénel n'allait être réhabilité qu'en 1982, sous Mitterrand.
Deux autres mesures de plus grande ampleur étaient lancées dans la foulée des "événements" de décembre 1959.
Dès 1961 était mis en place aux Antilles le SMA (service militaire adapté), directement rattaché à la Rue Oudinot, siège du ministère en charge de l'outre-mer. Le SMA s'étendit ensuite à l'ensemble de l'Outre-mer et à... Périgueux, où un détachement fut créé. Contrairement au service militaire "classique", abrogé lors du premier mandat de Jacques Chirac, le SMA perdure encore de nos jours, et est co-financé par l'Union européenne. En 2013, près de 5.500 jeunes ultramarins ont suivi ce parcours, selon ce rapport d'activité. Un quart était des femmes, plus du tiers étaient des illettrés.
Au JO du 7 juin 1963, Paris mettait en place le BUMIDOM (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'outre-mer). Le BUMIDOM, dissous en 1981 sous Mitterrand, a été fondu l'année suivante dans l'ANT, devenue plus tard LADOM.
Les années BUMIDOM voient l'exode de 42.600 Martiniquais et de 42.700 Guadeloupéens vers la France, selon cet ouvrage de Monique Milia-Marie-Luce, maitre de conférences en histoire contemporaine à l'Université Antilles-Guyane et membre du CRPLC.
Les historiens désignés par la ministre des Outre-mer George Pau-Langevin sont saisis, en premier lieu, des "événements survenus entre les 20 et 23 décembre 1959 en Martinique", mais il semblait important d'en expliquer ici-même quelques-unes des conséquences les plus directes.
Juin 1962, Guadeloupe
Le deuxième point sur lequel les personnalités qualifiées sont appelés à enquêter s'intitule "Les événements relatifs aux conditions de l'accident d'avion survenu le 22 juin 1962 en Guadeloupe".
Ce jour-là, un Boeing 707-328 d'Air-France assurant la liaison Paris/Pointe-à-Pitre s'écrasait à Deshaies (Nord de la Basse-Terre) après s'être partiellement disloqué. On évoqua le mauvais temps, mais aussi des pannes multiples d'instruments de bord ainsi qu'une défaillance du radar de l'aéroport de destination, qui venait tout juste d'être agrandi.
Il semble que cet accident aérien, qui fit 113 morts dont dix membres d'équipage, soit la 5e catastrophe aérienne d'un Boeing 707 en seize mois (la première était à Bruxelles en février 1961), et le deuxième écrasement d'un Boeing 707 d'Air-France, le précédent ayant eu lieu trois semaines plus tôt, le 3 juin 1962 à Orly lors du décollage (rapport d'enquête à lire ici).
Toutefois, une recherche sur le site du BEA de tous les avions accidentés en 1962 ne donne "que" trois résultats, et pas de rapport pour le Boeing 707 du 22 juin 1962...
Que sait-on sur le Vol 117 Air France du 22 juin 1962? Pas grand-chose, donc. Mais les supputations vont bon train sur cet accident plus que quinquagénaire.
Des pêcheurs auraient déclaré avoir vu l'appareil exploser en vol. À quatre heures quinze du matin, à part des pêcheurs, on ne trouve pas beaucoup de témoins... Ont-ils été régulièrement entendus par les gendarmes, qui ont en charge les enquêtes de ce genre? On n'en sait rien, faute d'avoir accès à un rapport circonstancié du Bureau d'enquêtes et d'analyses, placé sous l'autorité du ministre en charge des Transports.
Le député Justin Catayée, qui était intervenu à l'Assemblée nationale le 19 juin 62 pour interpeller ses collègues sur la situation guyanaise était dans l'avion, car il tenait à être présent dans sa circonscription le 25 juin pour une manifestation en faveur de l'autonomie, celle du 14 juin ayant été durement réprimée. Léone Michotte, une universitaire à la retraite, affirmait en 2013 que le fondateur du PSG (Parti socialiste guyanais) avait été tué.
Albert Béville, alias Paul Niger, se trouvait aussi dans l'avion. Co-fondateur en 1961 du Front des Antilles-Guyane pour l'autonomie, ce Guadeloupéen natif de Basse-Terre était interdit de séjour en Guadeloupe depuis juillet 1961, lorsque le Front fut dissous et l'ouvrage "Les Antilles et la Guyane à l'heure de la décolonisation" saisi. Comment donc Albert Béville a-t-il pu monter à bord d'un avion dont la destination était précisément la Guadeloupe? La question se pose.
"Des documents, on n'en aura jamais", disait en avril 2013 l'historien René Bélénus, qui fait partie des personnes chargées par la Rue Oudinot d'enquêter sur ces zones d'ombre des Antilles.
En juin 2012, cinquante ans après l'accident, des morceaux du Boeing étaient encore sur les lieux de l'écrasement, comme cette courte vidéo l'atteste.
Mai 1967, Guadeloupe
La "commission d'information et de recherche historique" devra en troisième lieu se pencher sur "les événements survenus entre les 26 et 28 mai 1967 en Guadeloupe". En l'occurrence l'opération de maintien de l'ordre la plus meurtrière en territoire français depuis la fin de la Guerre d'Algérie.
Il se trouve que je suis arrivé à la Guadeloupe à l'approche du mois de mai: précisément la veille des quinze attentats du 26 avril 1984, voici trente ans, moins d'un mois et demi avant la mort de Vélo. De suite, j'ai appris que, outre l'abolition de l'esclavage le 27 mai, d'autres choses se commémoraient en mai: les émeutes de 1967. On me parla de sept ou huit morts. Des militants évoquaient le chiffre de deux-cents, sans pouvoir l'étayer. Un policier français (de France) avec qui j'avais très vite sympathisé me dit qu'il fallait tabler sur 80 à 100 morts, et je ne sais pas trop pourquoi j'avais tendance à lui faire confiance: une sorte d'instinct journalistique qui parfois joue des tours mais parfois est bon.
Étant trop fraîchement arrivé en Guadeloupe et n'ayant absolument aucun recul sur la chose, je me contentais de garder ça pour moi. D'autant que c'étaient d'autres collègues, locaux ou installés de longue date, qui devaient traiter le sujet. Je me suis dit néanmoins qu'un jour la vérité serait faite, naïf que j'étais du haut de mes vingt-et-un ans.
Il aura fallu attendre 1985, un an après mon arrivée et 18 ans après les faits, pour qu'une annonce soit faite par le gouvernement français. Le Secrétaire d'État en charge des DOM-TOM Georges Lemoine avança sur RFO le chiffre de 87 morts...
Pour comprendre comment on a pu arriver là, il est bon de se plonger dans la lecture de Mai 67 raconté aux jeunes, de l'écrivain martiniquais Ernest Pépin, rédigé à l'occasion des 40 ans des "événements".
En 67, Jean Chomereau-Lamotte -que j'ai côtoyé lors de mon entrée dans le monde du travail et qui est décédé subitement en août 2010- avait fait des clichés. Par crainte de se les faire confisquer par la police, il était allé les développer chez un ami plutôt qu'au journal, puis les avait immédiatement remis à un voyageur qui prenait l'avion pour Porto-Rico, où étaient traitées par Associated Press les informations en provenance de toutes les Antilles. Dans le contexte de l'époque (ou l'Internet n'existait pas...), les passagers, stewards ou pilotes étaient très prisés pour convoyer des documents de façon à la fois "rapide" et confidentielle. C'était notre Tam-Tam à nous les journalistes des petites îles qui étions en même temps des correspondants de presse. Hélas, les originaux de ces photos semblent perdus...
À l'issue de mai 67, des dizaines de membres du GONG (Groupe d'Organisation nationale de la Guadeloupe) furent arrêtés, et certains déportés vers les prisons de Fresnes et de la Santé, en France. Le GONG, créé en 1963, ne militait pas pour l'autonomie, mais pour l'indépendance de la Guadeloupe. Inculpés d'atteinte à l'intégrité du territoire national, ils furent jugés début 68 par la Cour de Sûreté de l'État et une poignée d'entre-eux écoperont d'une peine de prison avec sursis. En avril 1968, nouveau procès cette fois au TGI de Pointe-à-Pitre: six condamnations à de la prison ferme (les inculpés qui avaient déjà un casier), onze avec sursis, et huit relaxes. Le GONG sera officiellement dissous quelques années plus tard, mais sans que la France ne mette fin au mouvement séparatiste.
Ainsi, les "enfants du GONG" seront entre autres:
- l'union populaire pour la libération de la Guadeloupe (UPLG, créée en 1978);
- le Groupe de libération armée (GLA, créé en 1980, qui précéda l'ARC);
- le Mouvement populaire pour une Guadeloupe indépendante (MPGI, fondé en 1981)
- l'Alliance révolutionnaire Caraïbes (ARC, créée en 1983, légalement dissoute par un conseil des ministres en mai 1984 mais qui continua à faire parler d'elle jusqu'à la fin des années 80 et est présentement en sommeil)- Fos Pou Konstwi Nasyon Gwadloup (FNKG, lancé en avril 2010, et qui a demandé en octobre 2010 la réinscription par l'ONU de la Guadeloupe à la Liste des territoires non autonomes, dont elle a été retirée en 1947).
Pour en savoir davantage sur les mouvements indépendantistes des anciennes colonies françaises, ce document militant (qui s'achève en 2002), retrace l'histoire des différents groupes, le contexte géopolitique, et la plupart des attentats perpétrés ou revendiqués, dont ceux contre les mairies du 10e et du 20e arrondissements de Paris en 1983.
Le 26 mai 2010, le Komité Mé 67, sous la plume de Élie Domota (qui s'était rendu célèbre dans les médias français lors de la grève générale de 2009), demandait des comptes dans une lettre ouverte à Marie-Luce Penchard, en poste Rue Oudinot. En vain.
Il faudra attendre encore trois ans pour que le député Éric Jalton (SRC, Guadeloupe, 1e circonscription) relance le gouvernement Hollande-Ayrault. Dans une question écrite à lire ici, il demandait au nouveau ministre de l'Outre-mer Victorin Lurel "l'appui nécessaire afin que soient ouvertes aux chercheurs, juristes, à tous, les archives administratives et militaires" de mai 1967. Dans sa réponse, le ministre évoqua alors la possibilité d'une "commission d'information historique".
Ainsi, l'arrêté du 22 avril 2014 publié au JO du 2 mai n'est-il que le résultat de la continuité de l'État, mais reflète aussi pour le moins la passivité de l'État lorsqu'il s'agit d'enquêter sur ses propres actes: il aura fallu attendre pas loin de cinquante ans, et trois ministres successifs originaires de la Guadeloupe (Mme Penchard sous Sarkozy-Fillon, M. Lurel sous Hollande-Ayrault, Mme Pau-Langevin sous Hollande-Valls) pour qu'enfin une décision soit prise. Et encore cet arrêté est "a minima": les sept personnes désignées:
1/ n'ont que douze mois pour travailler selon l'article 1
2/ n'ont pour seuls moyens mis à leur disposition par la République que ceux définis à l'article 4
3/ n'ont apparemment pas accès aux archives militaires, mais uniquement aux "archives nationales ou locales, publiques ou privées"... or un ancien du Renseignement militaire m'avait un jour expliqué que la plupart des documents étaient conservés au ministère de la Défense et inaccessibles pendant cinquante ans, et le député Jalton avait lui-même demandé au ministre Lurel l'accès aux archives militaires.
Que sortira de cette commission? Hélas vraisemblablement peu de choses que les principaux intéressés ne sachent déjà.
Fabien Abitbol