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28/11/2006

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Les idées fausses de Jean-Pierre Chevènement

in Le point, par Alain Duhamel

Jean-Pierre Chevènement est de retour. A l'approche de l'élection présidentielle, l'odeur de la poudre et le bruit du canon l'attirent une fois de plus. L'ancien candidat au palais de l'Elysée n'est pas homme à rester à l'écart lorsque la bataille politique s'engage, et c'est tant mieux, car, si son poids électoral reste modeste, sa place dans le combat des idées n'a rien d'usurpé. Le Franc-Comtois appartient au cercle étroit des personnages politiques qui croient à l'influence décisive des doctrines, des concepts et des convictions sur les choix politiques. Lui-même, esprit cultivé et batailleur, féru d'histoire et frotté d'économie, se montre toujours prêt à monter à l'assaut pour défendre les couleurs du souverainisme de gauche et du républicanisme néosocialiste. Avant d'entrer en lice, il se fait rituellement précéder par un nouveau livre. En cet automne 2006, celui-ci s'intitule « La faute deM. Monnet » (1).

Bien écrit, nourri par d'abondantes références, il déborde d'idées, mais ce sont malheureusement autant d'idées fausses.

Sa cible s'appelle cette fois-ci Jean Monnet, mais l'objectif réel de l'auteur est d'opposer une vertueuse République européenne, naturellement chevènementiste, à la maléfique Europe américaine de celui que le général de Gaulle avait surnommé « L'inspirateur ». Toute la première partie du livre est donc consacrée à un portrait plutôt réussi et juste, mais méthodiquement à charge, du véritable père de l'Europe. Malgré ses préventions, Jean-Pierre Chevènement ne peut s'empêcher de reconnaître l'immense influence, la puissante originalité et l'inégalable efficacité d'un homme qui, à moins de 30 ans, a organisé l'approvisionnement allié durant la première guerre mondiale, puis a successivement été secrétaire adjoint de la SDN (Société des nations), le sauveur de plusieurs monnaies nationales, le Français de confiance des Anglo-saxons durant la seconde guerre mondiale, le commissaire général au Plan après la Libération, le fondateur de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (Ceca) et, toujours dans l'ombre, le véritable organisateur de l'Europe.

Pour Jean-Pierre Chevènement, Monnet est cependant le diable en personne. Ne veut-il pas dépasser les souverainetés nationales pour construire une Europe solidaire ? Ne réconcilie-t-il pas la France et l'Allemagne à travers une économie de marché teintée de solidarité sociale ? Ne fait-il pas de l'alliance avec les Etats-Unis la base de la politique étrangère de l'Europe qu'il imagine ?

Pire que tout : n'entend-il pas transférer à des institutions supranationales une bonne part du pouvoir de décision politique ? Autant d'hérésies pour l'homme du non de gauche à Maastricht, à l'euro, à la Constitution européenne, autant d'occasions de proposer en alternative une Europe incluant la Russie, excluant le libéralisme, réservant aux seules nations le monopole de la légitimité démocratique. Jean-Pierre Chevènement rêve à une Europe subordonnée aux pouvoirs nationaux, rétablissant une protection douanière commune, mettant sur pied un gouvernement économique dirigiste et protectionniste : redoutable régression historique à un moment où le réveil des nationalismes et des populismes n'épargne pas le Vieux Continent. Jean-Pierre Chevènement est un homme d'envergure et de qualité dont la mise en oeuvre des idées serait néanmoins une catastrophe. L'hypothèse est heureusement peu vraisemblable, mais le pouvoir de nuisance de ses thèses n'a rien d'imaginaire. En contribuant ardemment à entraver la construction d'une Europe réaliste et ambitieuse, il fait le jeu de ce qu'il déteste le plus au monde : l'hégémonie américaine et le triomphe du capitalisme financier sans régulation économique ni conscience sociale

1. Jean-Pierre Chevènement, « La faute deM. Monnet » (Fayard, 148 pages, 10 E).

© le point 09/11/06 - N°1782 - Page 46 - 1082 mots

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